From 693c1a64dd089dd8e9a124f41428282957366db7 Mon Sep 17 00:00:00 2001 From: Emmanuel Srivastava Date: Wed, 4 Dec 2024 11:59:05 +0100 Subject: [PATCH] update --- DEV.1.2/tp2/ex1.html | 97 ++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++---- 1 file changed, 90 insertions(+), 7 deletions(-) diff --git a/DEV.1.2/tp2/ex1.html b/DEV.1.2/tp2/ex1.html index ddcd5b6..059b8d7 100644 --- a/DEV.1.2/tp2/ex1.html +++ b/DEV.1.2/tp2/ex1.html @@ -7,14 +7,97 @@ -

Mon article de blog

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L'étranger : Albert camus

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Ma première partie

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Ma première partie
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Première partie

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Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. + J'ai reçu un télégramme de l'asile : « Mère décédée. Enterrement demain. + Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. C'était peut- + être hier.

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L'asile de vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilomètres + d'Alger. Je prendrai l'autobus à deux heures et j'arriverai dans + l'après-midi. Ainsi, je pourrai veiller et je rentrerai demain soir. J'ai + demandé deux jours de congé à mon patron et il ne pouvait pas me les + refuser avec une excuse [10] pareille. Mais il n'avait pas l'air content. + Je lui ai même dit : « Ce n'est pas de ma faute. » Il n'a pas répondu. + J'ai pensé alors que je n'aurais pas dû lui dire cela. En somme, je + n'avais pas à m'excuser. C'était plutôt à lui de me présenter ses + condoléances. Mais il le fera sans doute après-demain, quand il me ver- + ra en deuil. Pour le moment, c'est un peu comme si maman n'était pas + morte. Après l'enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée + et tout aura revêtu une allure plus officielle.

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J'ai pris l'autobus à deux heures. Il faisait très chaud. J'ai mangé + au restaurant, chez Céleste, comme d'habitude. Ils avaient tous beaucoup + de peine pour moi et Céleste m'a dit : « On n'a qu'une mère. » + Quand je suis parti, ils m'ont accompagné à la porte. J'étais un peu + étourdi parce qu'il a fallu que je monte chez Emmanuel pour lui em- + prunter une cravate noire et un brassard. Il a perdu son oncle, il y a + quelques mois.

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Deuxième partie

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J'ai couru pour ne pas manquer le départ. Cette hâte, cette course, +c'est à cause de tout cela sans doute, ajouté aux cahots, à l'odeur +d'essence, à la réverbération de la route et du ciel, que je me suis assoupi. +J'ai dormi pendant presque tout le trajet. Et [11] quand je me +suis réveillé, j'étais tassé contre un militaire qui m'a souri et qui m'a +demandé si je venais de loin. J'ai dit « oui » pour n'avoir plus à parler.

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L'asile est à deux kilomètres du village. J'ai fait le chemin à pied. +J'ai voulu voir maman tout de suite. Mais le concierge m'a dit qu'il fallait que je rencontre le directeur. +Comme il était occupé, j'ai attendu un peu. +Pendant tout ce temps, le concierge a parlé et ensuite, j'ai vu +le directeur : il m'a reçu dans son bureau. C'était un petit vieux, avec +la Légion d'honneur

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Il m'a regardé de ses yeux clairs. Puis il m'a serré +la main qu'il a gardée si longtemps que je ne savais trop comment la +retirer. Il a consulté un dossier et m'a dit : « Mme Meursault est en- +trée ici il y a trois ans. Vous étiez son seul soutien. » J'ai cru qu'il me +reprochait quelque chose et j'ai commencé à lui expliquer. Mais il m'a +interrompu : « Vous n'avez pas à vous justifier, mon cher enfant. J'ai +lu le dossier de votre mère. Vous ne pouviez subvenir à ses besoins. Il +lui fallait une garde. Vos salaires sont modestes. Et tout compte fait, +elle était plus heureuse ici. » J'ai dit : « Oui, monsieur le Directeur. » +Il a ajouté : « Vous savez, elle avait [12] des amis, des gens de son âge. +Elle pouvait partager avec eux des intérêts qui sont d'un autre temps. +Vous êtes jeune et elle devait s'ennuyer avec vous. »

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Troisième partie

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C'était vrai. Quand elle était à la maison, maman passait son temps +à me suivre des yeux en silence. Dans les premiers jours où elle était à +l'asile, elle pleurait souvent. Mais c'était à cause de l'habitude. Au +bout de quelques mois, elle aurait pleuré si on l'avait retirée de l'asile. +Toujours à cause de l'habitude. C'est un peu pour cela que dans la der- +nière année je n'y suis presque plus allé.

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Et aussi parce que cela meprenait mon dimanche - sans compter l'effort pour aller à l'autobus, +prendre des tickets et faire deux heures de route.
+Le directeur m'a encore parlé. Mais je ne l'écoutais presque plus. +Puis il m'a dit : « Je suppose que vous voulez voir votre mère. » Je me +suis levé sans rien dire et il m'a précédé vers la porte. Dans l'escalier, +il m'a expliqué : « Nous l'avons transportée dans notre petite morgue. +

Pour ne pas impressionner les autres. Chaque fois qu'un pensionnaire +meurt, les autres sont nerveux pendant deux ou trois jours. Et ça rend +le service difficile. » Nous avons traversé [13] une cour où il y avait +beaucoup de vieillards, bavardant par petits groupes. Ils se taisaient +quand nous passions. Et derrière nous, les conversations reprenaient. +On aurait dit d'un jacassement assourdi de perruches. À la porte d'un +petit bâtiment, le directeur m'a quitté : « Je vous laisse, monsieur +Meursault. Je suis à votre disposition dans mon bureau. En principe, +l'enterrement est fixé à dix heures du matin. Nous avons pensé que +vous pourrez ainsi veiller la disparue. Un dernier mot : votre mère a, +paraît-il, exprimé souvent à ses compagnons le désir d'être enterrée +religieusement. J'ai pris sur moi, de faire le nécessaire. Mais je voulais +vous en informer. » Je l'ai remercié. Maman, sans être athée, n'avait +jamais pensé de son vivant à la religion.

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