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Deuxième partie

J'ai couru pour ne pas manquer le départ. Cette hâte, cette course, -c'est à cause de tout cela sans doute, ajouté aux cahots, à l'odeur -d'essence, à la réverbération de la route et du ciel, que je me suis assoupi. -J'ai dormi pendant presque tout le trajet. Et [11] quand je me -suis réveillé, j'étais tassé contre un militaire qui m'a souri et qui m'a -demandé si je venais de loin. J'ai dit « oui » pour n'avoir plus à parler.

+ c'est à cause de tout cela sans doute, ajouté aux cahots, à l'odeur + d'essence, à la réverbération de la route et du ciel, que je me suis assoupi. + J'ai dormi pendant presque tout le trajet. Et [11] quand je me + suis réveillé, j'étais tassé contre un militaire qui m'a souri et qui m'a + demandé si je venais de loin. J'ai dit « oui » pour n'avoir plus à parler.

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L'asile est à deux kilomètres du village. J'ai fait le chemin à pied. -J'ai voulu voir maman tout de suite. Mais le concierge m'a dit qu'il fallait que je rencontre le directeur. -Comme il était occupé, j'ai attendu un peu. -Pendant tout ce temps, le concierge a parlé et ensuite, j'ai vu -le directeur : il m'a reçu dans son bureau. C'était un petit vieux, avec -la Légion d'honneur

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L'asile est à deux kilomètres du village. J'ai fait le chemin à pied. + J'ai voulu voir maman tout de suite. Mais le concierge m'a dit qu'il fallait que je rencontre le directeur. + Comme il était occupé, j'ai attendu un peu. + Pendant tout ce temps, le concierge a parlé et ensuite, j'ai vu + le directeur : il m'a reçu dans son bureau. C'était un petit vieux, avec + la Légion d'honneur

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Il m'a regardé de ses yeux clairs. Puis il m'a serré -la main qu'il a gardée si longtemps que je ne savais trop comment la -retirer. Il a consulté un dossier et m'a dit : « Mme Meursault est en- -trée ici il y a trois ans. Vous étiez son seul soutien. » J'ai cru qu'il me -reprochait quelque chose et j'ai commencé à lui expliquer. Mais il m'a -interrompu : « Vous n'avez pas à vous justifier, mon cher enfant. J'ai -lu le dossier de votre mère. Vous ne pouviez subvenir à ses besoins. Il -lui fallait une garde. Vos salaires sont modestes. Et tout compte fait, -elle était plus heureuse ici. » J'ai dit : « Oui, monsieur le Directeur. » -Il a ajouté : « Vous savez, elle avait [12] des amis, des gens de son âge. -Elle pouvait partager avec eux des intérêts qui sont d'un autre temps. -Vous êtes jeune et elle devait s'ennuyer avec vous. »

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Il m'a regardé de ses yeux clairs. Puis il m'a serré + la main qu'il a gardée si longtemps que je ne savais trop comment la + retirer. Il a consulté un dossier et m'a dit : « Mme Meursault est en- + trée ici il y a trois ans. Vous étiez son seul soutien. » J'ai cru qu'il me + reprochait quelque chose et j'ai commencé à lui expliquer. Mais il m'a + interrompu : « Vous n'avez pas à vous justifier, mon cher enfant. J'ai + lu le dossier de votre mère. Vous ne pouviez subvenir à ses besoins. Il + lui fallait une garde. Vos salaires sont modestes. Et tout compte fait, + elle était plus heureuse ici. » J'ai dit : « Oui, monsieur le Directeur. » + Il a ajouté : « Vous savez, elle avait [12] des amis, des gens de son âge. + Elle pouvait partager avec eux des intérêts qui sont d'un autre temps. + Vous êtes jeune et elle devait s'ennuyer avec vous. »

Troisième partie

C'était vrai. Quand elle était à la maison, maman passait son temps -à me suivre des yeux en silence. Dans les premiers jours où elle était à -l'asile, elle pleurait souvent. Mais c'était à cause de l'habitude. Au -bout de quelques mois, elle aurait pleuré si on l'avait retirée de l'asile. -Toujours à cause de l'habitude. C'est un peu pour cela que dans la der- -nière année je n'y suis presque plus allé.

+ à me suivre des yeux en silence. Dans les premiers jours où elle était à + l'asile, elle pleurait souvent. Mais c'était à cause de l'habitude. Au + bout de quelques mois, elle aurait pleuré si on l'avait retirée de l'asile. + Toujours à cause de l'habitude. C'est un peu pour cela que dans la dernière année je n'y suis presque plus allé.

Et aussi parce que cela meprenait mon dimanche - sans compter l'effort pour aller à l'autobus, -prendre des tickets et faire deux heures de route.
-Le directeur m'a encore parlé. Mais je ne l'écoutais presque plus. -Puis il m'a dit : « Je suppose que vous voulez voir votre mère. » Je me -suis levé sans rien dire et il m'a précédé vers la porte. Dans l'escalier, -il m'a expliqué : « Nous l'avons transportée dans notre petite morgue. -

Pour ne pas impressionner les autres. Chaque fois qu'un pensionnaire -meurt, les autres sont nerveux pendant deux ou trois jours. Et ça rend -le service difficile. » Nous avons traversé [13] une cour où il y avait -beaucoup de vieillards, bavardant par petits groupes. Ils se taisaient -quand nous passions. Et derrière nous, les conversations reprenaient. -On aurait dit d'un jacassement assourdi de perruches. À la porte d'un -petit bâtiment, le directeur m'a quitté : « Je vous laisse, monsieur -Meursault. Je suis à votre disposition dans mon bureau. En principe, -l'enterrement est fixé à dix heures du matin. Nous avons pensé que -vous pourrez ainsi veiller la disparue. Un dernier mot : votre mère a, -paraît-il, exprimé souvent à ses compagnons le désir d'être enterrée -religieusement. J'ai pris sur moi, de faire le nécessaire. Mais je voulais -vous en informer. » Je l'ai remercié. Maman, sans être athée, n'avait -jamais pensé de son vivant à la religion.

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+ Le directeur m'a encore parlé. Mais je ne l'écoutais presque plus. + Puis il m'a dit : « Je suppose que vous voulez voir votre mère. » Je me + suis levé sans rien dire et il m'a précédé vers la porte. Dans l'escalier, + il m'a expliqué : « Nous l'avons transportée dans notre petite morgue. +

Pour ne pas impressionner les autres. Chaque fois qu'un pensionnaire + meurt, les autres sont nerveux pendant deux ou trois jours. Et ça rend + le service difficile. » Nous avons traversé [13] une cour où il y avait + beaucoup de vieillards, bavardant par petits groupes. Ils se taisaient + quand nous passions. Et derrière nous, les conversations reprenaient. + On aurait dit d'un jacassement assourdi de perruches. À la porte d'un + petit bâtiment, le directeur m'a quitté : « Je vous laisse, monsieur + Meursault. Je suis à votre disposition dans mon bureau. En principe, + l'enterrement est fixé à dix heures du matin. Nous avons pensé que + vous pourrez ainsi veiller la disparue. Un dernier mot : votre mère a, + paraît-il, exprimé souvent à ses compagnons le désir d'être enterrée + religieusement. J'ai pris sur moi, de faire le nécessaire. Mais je voulais + vous en informer. » Je l'ai remercié. Maman, sans être athée, n'avait + jamais pensé de son vivant à la religion.

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